Me muero y ya no me escapo
Cette comptine (litanie) vient du département d'Antioquia en Colombie.
Me muero y ya no me escapo
Je meurs et je ne m'en réchappe pas
Retahíla
Comptine
(Espagnol)
(Français)
Me muero y ya no me escapo
Gritaba una vieja en la plaza
Y echando espesa babasa
cayó en tierra como un sapo;
"Socorro por Dios, gritaba
Que ya me tragó la tierra
Me estoy muriendo de hambre
Por esta maldita guerra."
Los médicos que la vieron
pues se aterraron del caso,
Lo primero que encontraron
Fue las alas del gallinazo
Las gafas de Marcelino, cascaras de mamoncillo
Ciento veinte cucarachas, una medalla, un ratón;
Y aquí empieza la emoción por no decir espanto
pues le encontraron un santo, una medalla, un ratón;
y por mi parte les digo que aguantar hambre es más duro
que una patada de un burro en el ojal del ombligo
Encomendémonos pues al santo más barrigón,
Que nos dé la jartazón* por siempre.
¡Amen!
"Je meurs et je ne m'en réchappe pas"
Criait une vieille femme sur la place
Et versant de la bave épaisse
Elle tomba à terre comme un crapaud ;
"Au secours, au nom de Dieu, criait-elle,
La terre m'a déjà engloutie,
Je meurs de faim
À cause de cette maudite guerre."
Les médecins qui l'ont vue
Ont été atterrés par son cas.
La première chose qu'ils ont trouvée
C'était les ailes du vautour,
Les lunettes de Marcelino, des écorces de quenettes
Cent-vingt cafards, une médaille, une souris ;
Et ici commence l'émotion, pour ne pas dire la peur
Eh bien, ils lui ont trouvé un saint, une médaille, une souris ;
Et pour ma part, je vous dis qu'endurer la faim est plus dur
Que le coup de pied d'un âne en plein milieu du nombril.
Remettons-nous-en donc au saint le plus bedonnant,
Qu'il nous donne la satiété pour toujours.
Amen !
Notes
*Une précision de Jessica : "'Jartazón' fait référence à 'jartar', un mot colombien familier qui signifie 'manger sans trop mâcher, manger sans éducation', c'est à dire que dans le texte, elle demande à Dieu que la nourriture ne leur manque pas, qu'elle soit abondante pour pouvoir manger beaucoup et avec de grands gestes."
Commentaires
Jessica nous a écrit : "Cette litanie, ma grand-mère de 95 ans qui vit encore et mon grand-père qui est mort il y 2 ans à l'âge de 97 ans la récitaient. Ce sont des paysans du département d'Antioquia (los Paisas) et ils l'ont apprise par la tradition orale quand ils étaient enfants. Moi non plus, je ne l'ai trouvée nulle part, je l'ai transcrite directement d'après eux." – Jessica, 2023
Remerciements
Merci beaucoup à Jessica Palacio Henao pour cette comptine.